samedi 26 janvier 2008

Les kabyles déportés en Nouvelle Calédonie

Découverte en 1774 par le capitaine anglais Cook, la Nouvelle-Calédonie devient territoire français en 1853 et sera érigée en colonie autonome en 1862. Elle représente en 1871 la terre d’exil pour les communards français soulevés contre le régime enplace mais aussi pour les insurgés de la révolte kabyle. Cette dernière à lieu dès 1871, peu après les événements de la commune de Paris. Les principales causes de ce soulèvement sont l’occupation du pays, l’arbitraire mais aussi la misère, la famine et la spoliation des terres par les colons.Dirigée par Mohamed el Moqrani et s’étendant aux trois quarts du pays, l’insurrection s’achève par le procès au tribunal de Constantine des principaux chefs, dont le frère d’El Moqrani « Boumezregue ». La sentence est la déportation à destination de la Nouvelle-Calédonie. Des centaines d’insurgés sont alors exilés dans les bagnes du pays, où ils retrouvent les communards parisiens mais beaucoup périssent bien avant d’atteindre l’île.
[http://www.acb54.com/IMG/jpg/portraitmok.jpg] En 1864 le Cheikh Mohammed El Mokrani (portrait ci-contre) reçoit du général Devaux un blâme en raison de l’aide qu’il avait apportée au cheikh Bouakkaz ben Achour en 1864-1865 et est rétrogradé en 1870 au titre de bachagha ,Haut dignitaire de la hiérarchie administrative. Afin de palier la famine qui s’installe en 1867 et qui touche alors les campagnes, il investit sa fortune personnelle et emprunte de nombreuses sommes a la banque d’Algérie et au juif Mesrine. Mais après le départ du gouverneur général militaire Mac Mahon en 1870 et la prise en main du pouvoir par les autorités civiles, celles-ci refusent d'honorer l'engagement d'El Mokrani, et le plonge ainsi dans une crise financière l'obligeant à hypothéquer ses biens. Par ailleurs il perçoit dans le remplacement du régime militaire par le pouvoir civil un moyen d'asseoir la domination des colons européens sur les Algériens. Ceci, ajouté à la proclamation du décret Crémieux du 24 octobre 1870 qui accorde la citoyenneté française aux juifs et qui fit dire au Cheikh « Je préférerais être sous un sabre qui me trancherait la tête mais jamais sous la houlette d'un juif» renforce son sentiment d'injustice et l’encourage à se révolter . Il lance ainsi le 16 mars 1871 la plus importante insurrection contre la puissance coloniale française.
Les prémices de la première phase de l'insurrection d'El Mokrani, déclenchée après qu'il eut présenté pour la deuxième fois sa démission de son poste de bachaga sont marquées par les insurrections à Ahras par El Kablouti et à Laghouat par Ben Chohra et Bouchoucha. Le déclenchement effectif est marqué par la restitution au ministère de la guerre de son insigne de bachaga et la tenue de plusieurs réunions avec ses hommes et de hauts dirigeants. Le 16 mars, débute son avancée vers la ville de Bordj bou Arréridj à la tête d'une troupe estimée à sept mille cavaliers afin de faire pression sur l’administration coloniale. L’insurrection atteint par la suite Miliana, Cherchell, M’sila, Boussaâda Touggourt, Biskra, Batna et Ain Salah. Cependant plusieurs désaccords naissent au sein de la famille d’El Mokrani. Face a cette situation ce dernier rejoint le cheikh Haddad, chef de la confrérie musulmane soufie Rahmaniyya, qui proclame le djihad contre les colons le 8 avril 1871. 145000 hommes, issus de deux cents cinquante tribus sont mobilisés. Mais malgré les capacités de mobilisation pour le combat les désaccords refont surface particulièrement suite à la mort d’El Mokrani le 05 Mai 1871 au cours de la bataille de Oued Souflat. Ces conflits ont lieu entre Aziz, fils de Cheikh El Haddad, et Boumezrag frère d’ El Mokrani. Le recul de la résistance est également lié au conflit interne aux zaouïas (établissement d’enseignement religieux) de Rahmaniyya. Le 08 octobre 1871 Boumezrag se dirige vers le Sahara. Les Français en prennent connaissance et l’arrêtent le 20 janvier 1872 à Ouargla . Il est envoyé au bagne de Nouvelle Calédonie. le 19 Avril 1873 le Cheikh El Haddad est condamné à cinq ans d’emprisonnement mais meurt dix jours après sa détention.
[http://www.vuici.com/images/carte-nouvelle-caledonie.gif] Nouvelle Calédonie - Nouméa Apres l’arrestation de Boumezrag l’armée française parvient à mettre fin à l’insurrection. C’est alors que les sentences tombent. Le 10 mars 1873, s’ouvre au tribunal de Constantine le procès des chefs de l’insurrection : 149 des 212 accusés sont envoyés en prison et pour 84 le verdict sans appel est la déportation en Nouvelle-Calédonie. Parmi eux on peut citer Aziz Ben Cheikh El Haddad. Par ailleurs les tribus ayant participé à l'insurrection sont obligée de régler des impôts selon l’ampleur de leur contribution au soulèvement : 70 francs pour toute personne ayant attiré l'attention des responsables de l'administration française, 140 francs pour toute personne s’étant mobilisée et 210 francs pour toute personne ayant pris part au combat et déclaré publiquement son opposition à la puissance coloniale. Tous refus de payer est obligatoirement suivis d’une saisie des biens personnels. La politique de déportation en Nouvelle-Calédonie fut par la suite généralisée à la population ayant participé activement à l’insurrection. Au total 200000 insurgés sont alors exilés dans les bagnes du pays, où ils retrouvent les communards parisiens mais beaucoup périssent bien avant d’atteindre l’île. Jean Allemane cite le chiffre de deux tiers morts durant leur détention.
Ces nouveaux arrivants, appelés « les Kabyles du Pacifique », ne reverront jamais leur pays.La traversée dura cinq mois et les déportés étaient enfermés dans des cages en fer. De nombreux détenus mouraient, de maladies tels la phtisie, le scorbut, la gangrène ou d’inanition, ne réclamant aucun soin médical. Le carnet de bord du médecin Major Dubuquois décrit avec précision les conditions de voyage de ces déportés : "Il se sont volontairement laissés mourir", " 1 405 personnes à bord, 320 condamnés dont 39 Kabyles, sur ces derniers il y a 5 décès". Ces derniers se nourrissaient de façon inadéquate, il subissait les rationnements et souffrait d’insalubrité. A l’île des Pins où ils sont détenus les insurgés kabyles côtoient d’autres insurgés, les Communards, auxquels une étroite solidarité les unit.
Bagne de Nouméa Arrivé en Nouvelle-Calédonie les déportés sont placés dans des bagnes ; qui ; mis en place par Napoléon III ; permettront l’apport d’une main d’œuvre gratuite qui peuplera ainsi l’archipel. Les bagnes coloniaux effrayent les forçats désignés à l’exil, arrachés à leur pays et leur famille. Inauguré en 1864, le bagne de Nouvelle-Calédonie est censé accueillir les prisonniers dans de meilleures conditions qu’en Guyane : sans les maladies et les conditions climatiques éprouvantes. Cependant, la colonie se peuple à marche forcée. Une loi est instaurée ; « la loi du doublage » : un prisonnier condamné a moins de huit ans doit doubler son exil en restant le même nombre d’années sur le territoire après sa libération. Au-delà de 8 ans de peine, aucun retour au pays n’est possible.
Certains condamnés connaissent un sort plus cruel que leurs camarades. Les bagnards exécutent presque tous des travaux forcés d’intérêt général ; ils bâtissent eux-mêmes leur prison et les infrastructures nécessaires à la vie en communauté pour l’urbanisation du territoire. A Nouméa, enchaînés les uns aux autres, ils effectuent les travaux de remblaiement du centre ville, l’exploitation de la forêt, l’ouverture des routes, l’assèchement des marécages, port de lourdes charges jusqu’à l’épuisement. Les plus robustes remplissent les « contrats de la chair humaine » : des centaines de forçats sont loués quatre fois moins cher que la main d’œuvre libre pour creuser dans les mines pendant environ 20 ans. Ceux qui sont condamnés à la réclusion à perpétuité n’exécutent pas les travaux forcés et sont parqués dans de minuscules cellules sombres et humides. Les hommes ne sortent pas et n’aperçoivent jamais la lumière du jour. Pour servir les colons libres, le gouverneur Guillain crée la catégorie des « assignés », composée de condamnés à la conduite satisfaisante et autorisés à travailler chez des particuliers comme « garçons de famille » s’adonnant aux tâches ménagères : repassage, lessive et cuisine. D’autres assignés sont affectés à l’administration du bagne.
Les déportés kabyles ont connu exactement le même sort que les communards français, et il y a donc eut entre eux une sorte de complicité. Ses deux catégories de prisonniers étaient entièrement opposées. Elles n’avaient rien de comparable historiquement géographiquement et culturellement parlant, mais elles étaient toutes deux animées d’un sentiment d’injustice et ont combattu l’état français en place et aussi connu la même sentence, l’enferment loin des leurs. C’est ce qui a permis le rapprochement de tous les prisonniers.
Président Gambetta ( portrait ci-contre),En 1879, les communards bénéficient d’une amnistie suite à la lutte menée par de nombreux intellectuels français tels que Victor HUGO, Emile ZOLA… mais cette amnistie exclut les Algériens. En retrouvant leur pays, les communards lancent une sensibilisation de l’opinion française sur le sujet des kabyles déportés à l’exemple de Louise MICHEL ou de Henri ROCHEFORT. Ce dernier d’ailleurs, après s’être évadé en 1874, s’installe à Bruxelles et crée son journal, La Lanterne, qui consacrera beaucoup de temps à la cause des déportés. Ce travail de sensibilisation porte ses fruits. C’est ainsi que sous la pression de la Gauche et des français déportés, le président Gambetta décide l’amnistie pour tous les condamnés. Il est a noté que cela n’a pas empêché que, tacitement, on ne libérera que les communards Parisiens en détournant cette loi mais c’est grâce à ses derniers qu’on libérera les Algériens.
Une fois libérés, les uns rentrent en Algérie mais d'autres restent en Nouvelle-Calédonie. On peut être amené à penser qu'ils n’ont pas choisi de s’installer et qu’ils auraient aimé rentrer eux aussi. A titre d’exemple, l’on tente par tous les moyens de retenir Boumezrag, qui représente toujours une menace et ce dernier serait même entré dans l’armée française pour mener une répression, avec cinquante autre soldats algériens, contre la révolte d’une minorité Calédonienne, les Canaques.Aujourd’hui, il reste encore des traces de la présence de ses kabyles dans le Pacifique. En effet, assez prêt de Nouméa, chef-lieu de la Province Sud, se trouve la « Vallée des arabes » et non loin de la il y a le cimetière des Arabes où sont enterrés les anciens déportés algériens. Les personnes sont enterrées dans le pur rite musulman, tombes orientées vers la Mecque. En plus du cimetière, on retrouve aussi des populations qui s’efforcent de ne pas « oublier » leur culture et leurs traditions. Ils parlent en effet certains mots d’arabe, font parti d’une association de musulmans de la région, ils ont aussi une mosquée et un centre religieux où l’on célèbre toutes les fêtes musulmanes. En pénétrant dans le Nessadiou (vallée des arabes), on a l’impression de se retrouver dans un véritable petit village kabyle.
Centre Islamique de Nessadiou

Ainsi, l’insurrection contre la puissance coloniale française menée par El Mokrani s’étend dans tout le nord du pays. Apres l’arrestation de Boumezrag, l’armée française parvient à mettre fin au soulèvement et condamne les chefs de la résistance. Le verdict mène les chefs et par la suite la population ayant participé à l’insurrection en Nouvelle-Calédonie ; condamnés à l’exil.Environ 200000 insurgés rejoignent les bagnes après une traversée longue et pénible. Tout au long du voyage, les « Kabyles du Pacifique » sont enfermés dans des cages et transportés dans des conditions malaisées: beaucoup meurent de maladie et de faim avant d’atteindre l’île.Arrivés en Nouvelle Calédonie, ils sont placés dans les bagnes. Par ailleurs ils participent au peuplement de l’archipel en fournissant une main d’œuvre importante utilisée pour bâtir les prisons et urbaniser le territoire. Certains assignés peuvent cependant servir les colons libres mais la majorités des détenus restent dans les prisons où ils côtoient les communards parisiens. Ces deux catégories d’insurgés s’unissent par un lien de solidarité renforcé par un même sentiment d’injustice et d’éloignement. Ainsi, l’amnistie dont bénéficient les communards français mènera par la suitela grâce des insurgés Kabyles.

Célia.A, Célia.C, Sara.C, Malik.H
SOURCES :
• Mehdi Lallaoui, Kabyles du Pacifique, 1994, Edition Au nom de la mémoire, Bezons, France
• CDROM Histoire d'Algérie édité par le ministère des Moudjahidines



Les kabyles déportés en Nouvelle Calédonie

Découverte en 1774 par le capitaine anglais Cook, la Nouvelle-Calédonie devient territoire français en 1853 et sera érigée en colonie autonome en 1862. Elle représente en 1871 la terre d’exil pour les communards français soulevés contre le régime en place mais aussi pour les insurgés de la révolte kabyle. Cette dernière à lieu dès 1871, peu après les événements de la commune de Paris. Les principales causes de ce soulèvement sont l’occupation du pays, l’arbitraire mais aussi la misère, la famine et la spoliation des terres par les colons.Dirigée par Mohamed el Moqrani et s’étendant aux trois quarts du pays, l’insurrection s’achève par le procès au tribunal de Constantine des principaux chefs, dont le frère d’El Moqrani « Boumezregue ». La sentence est la déportation à destination de la Nouvelle-Calédonie. Des centaines d’insurgés sont alors exilés dans les bagnes du pays, où ils retrouvent les communards parisiens mais beaucoup périssent bien avant d’atteindre l’île.
[http://www.acb54.com/IMG/jpg/portraitmok.jpg] Cheikh El Mokrani En 1864 le Cheikh Mohammed El Mokrani reçoit du général Devaux un blâme en raison de l’aide qu’il avait apportée au cheikh Bouakkaz ben Achour en 1864-1865 et est rétrogradé en 1870 au titre de bachagha ,Haut dignitaire de la hiérarchie administrative. Afin de palier la famine qui s’installe en 1867 et qui touche alors les campagnes, il investit sa fortune personnelle et emprunte de nombreuses sommes a la banque d’Algérie et au juif Mesrine. Mais après le départ du gouverneur général militaire Mac Mahon en 1870 et la prise en main du pouvoir par les autorités civiles, celles-ci refusent d'honorer l'engagement d'El Mokrani, et le plonge ainsi dans une crise financière l'obligeant à hypothéquer ses biens. Par ailleurs il perçoit dans le remplacement du régime militaire par le pouvoir civil un moyen d'asseoir la domination des colons européens sur les Algériens. Ceci, ajouté à la proclamation du décret Crémieux du 24 octobre 1870 qui accorde la citoyenneté française aux juifs et qui fit dire au Cheikh « Je préférerais être sous un sabre qui me trancherait la tête mais jamais sous la houlette d'un juif» renforce son sentiment d'injustice et l’encourage à se révolter . Il lance ainsi le 16 mars 1871 la plus importante insurrection contre la puissance coloniale française.
Les prémices de la première phase de l'insurrection d'El Mokrani, déclenchée après qu'il eut présenté pour la deuxième fois sa démission de son poste de bachaga sont marquées par les insurrections à Ahras par El Kablouti et à Laghouat par Ben Chohra et Bouchoucha. Le déclenchement effectif est marqué par la restitution au ministère de la guerre de son insigne de bachaga et la tenue de plusieurs réunions avec ses hommes et de hauts dirigeants. Le 16 mars, débute son avancée vers la ville de Bordj bou Arréridj à la tête d'une troupe estimée à sept mille cavaliers afin de faire pression sur l’administration coloniale. L’insurrection atteint par la suite Miliana, Cherchell, M’sila, Boussaâda Touggourt, Biskra, Batna et Ain Salah. Cependant plusieurs désaccords naissent au sein de la famille d’El Mokrani. Face a cette situation ce dernier rejoint le cheikh Haddad, chef de la confrérie musulmane soufie Rahmaniyya, qui proclame le djihad contre les colons le 8 avril 1871. 145000 hommes, issus de deux cents cinquante tribus sont mobilisés. Mais malgré les capacités de mobilisation pour le combat les désaccords refont surface particulièrement suite à la mort d’El Mokrani le 05 Mai 1871 au cours de la bataille de Oued Souflat. Ces conflits ont lieu entre Aziz, fils de Cheikh El Haddad, et Boumezrag frère d’ El Mokrani. Le recul de la résistance est également lié au conflit interne aux zaouïas (établissement d’enseignement religieux) de Rahmaniyya. Le 08 octobre 1871 Boumezrag se dirige vers le Sahara. Les Français en prennent connaissance et l’arrêtent le 20 janvier 1872 à Ouargla . Il est envoyé au bagne de Nouvelle Calédonie. le 19 Avril 1873 le Cheikh El Haddad est condamné à cinq ans d’emprisonnement mais meurt dix jours après sa détention.
[http://www.vuici.com/images/carte-nouvelle-caledonie.gif] Nouvelle Calédonie - Nouméa Apres l’arrestation de Boumezrag l’armée française parvient à mettre fin à l’insurrection. C’est alors que les sentences tombent. Le 10 mars 1873, s’ouvre au tribunal de Constantine le procès des chefs de l’insurrection : 149 des 212 accusés sont envoyés en prison et pour 84 le verdict sans appel est la déportation en Nouvelle-Calédonie. Parmi eux on peut citer Aziz Ben Cheikh El Haddad. Par ailleurs les tribus ayant participé à l'insurrection sont obligée de régler des impôts selon l’ampleur de leur contribution au soulèvement : 70 francs pour toute personne ayant attiré l'attention des responsables de l'administration française, 140 francs pour toute personne s’étant mobilisée et 210 francs pour toute personne ayant pris part au combat et déclaré publiquement son opposition à la puissance coloniale. Tous refus de payer est obligatoirement suivis d’une saisie des biens personnels. La politique de déportation en Nouvelle-Calédonie fut par la suite généralisée à la population ayant participé activement à l’insurrection. Au total 200000 insurgés sont alors exilés dans les bagnes du pays, où ils retrouvent les communards parisiens mais beaucoup périssent bien avant d’atteindre l’île. Jean Allemane cite le chiffre de deux tiers morts durant leur détention.
Ces nouveaux arrivants, appelés « les Kabyles du Pacifique », ne reverront jamais leur pays.La traversée dura cinq mois et les déportés étaient enfermés dans des cages en fer. De nombreux détenus mouraient, de maladies tels la phtisie, le scorbut, la gangrène ou d’inanition, ne réclamant aucun soin médical. Le carnet de bord du médecin Major Dubuquois décrit avec précision les conditions de voyage de ces déportés : "Il se sont volontairement laissés mourir", " 1 405 personnes à bord, 320 condamnés dont 39 Kabyles, sur ces derniers il y a 5 décès". Ces derniers se nourrissaient de façon inadéquate, il subissait les rationnements et souffrait d’insalubrité. A l’île des Pins où ils sont détenus les insurgés kabyles côtoient d’autres insurgés, les Communards, auxquels une étroite solidarité les unit.
[http://www.chocolat.tv/photos/albums/userpics/10001/normal_bagnes-noumea.jpg] Bagne de Nouméa Arrivé en Nouvelle-Calédonie les déportés sont placés dans des bagnes ; qui ; mis en place par Napoléon III ; permettront l’apport d’une main d’œuvre gratuite qui peuplera ainsi l’archipel. Les bagnes coloniaux effrayent les forçats désignés à l’exil, arrachés à leur pays et leur famille. Inauguré en 1864, le bagne de Nouvelle-Calédonie est censé accueillir les prisonniers dans de meilleures conditions qu’en Guyane : sans les maladies et les conditions climatiques éprouvantes. Cependant, la colonie se peuple à marche forcée. Une loi est instaurée ; « la loi du doublage » : un prisonnier condamné a moins de huit ans doit doubler son exil en restant le même nombre d’années sur le territoire après sa libération. Au-delà de 8 ans de peine, aucun retour au pays n’est possible.
Certains condamnés connaissent un sort plus cruel que leurs camarades. Les bagnards exécutent presque tous des travaux forcés d’intérêt général ; ils bâtissent eux-mêmes leur prison et les infrastructures nécessaires à la vie en communauté pour l’urbanisation du territoire. A Nouméa, enchaînés les uns aux autres, ils effectuent les travaux de remblaiement du centre ville, l’exploitation de la forêt, l’ouverture des routes, l’assèchement des marécages, port de lourdes charges jusqu’à l’épuisement. Les plus robustes remplissent les « contrats de la chair humaine » : des centaines de forçats sont loués quatre fois moins cher que la main d’œuvre libre pour creuser dans les mines pendant environ 20 ans. Ceux qui sont condamnés à la réclusion à perpétuité n’exécutent pas les travaux forcés et sont parqués dans de minuscules cellules sombres et humides. Les hommes ne sortent pas et n’aperçoivent jamais la lumière du jour. Pour servir les colons libres, le gouverneur Guillain crée la catégorie des « assignés », composée de condamnés à la conduite satisfaisante et autorisés à travailler chez des particuliers comme « garçons de famille » s’adonnant aux tâches ménagères : repassage, lessive et cuisine. D’autres assignés sont affectés à l’administration du bagne.
Les déportés kabyles ont connu exactement le même sort que les communards français, et il y a donc eut entre eux une sorte de complicité. Ses deux catégories de prisonniers étaient entièrement opposées. Elles n’avaient rien de comparable historiquement géographiquement et culturellement parlant, mais elles étaient toutes deux animées d’un sentiment d’injustice et ont combattu l’état français en place et aussi connu la même sentence, l’enferment loin des leurs. C’est ce qui a permis le rapprochement de tous les prisonniers.
[http://www.brazza.culture.fr/img/afrique/iconos/la_politique_coloniale_en_afrique_apres_1879/la_politique_coloniale_en_afrique_apres_1879_32.jpg] Président GambettaEn 1879, les communards bénéficient d’une amnistie suite à la lutte menée par de nombreux intellectuels français tels que Victor HUGO, Emile ZOLA… mais cette amnistie exclut les Algériens. En retrouvant leur pays, les communards lancent une sensibilisation de l’opinion française sur le sujet des kabyles déportés à l’exemple de Louise MICHEL ou de Henri ROCHEFORT. Ce dernier d’ailleurs, après s’être évadé en 1874, s’installe à Bruxelles et crée son journal, La Lanterne, qui consacrera beaucoup de temps à la cause des déportés. Ce travail de sensibilisation porte ses fruits. C’est ainsi que sous la pression de la Gauche et des français déportés, le président Gambetta décide l’amnistie pour tous les condamnés. Il est a noté que cela n’a pas empêché que, tacitement, on ne libérera que les communards Parisiens en détournant cette loi mais c’est grâce à ses derniers qu’on libérera les Algériens.
Une fois libérés, les uns rentrent en Algérie mais d'autres restent en Nouvelle-Calédonie. On peut être amené à penser qu'ils n’ont pas choisi de s’installer et qu’ils auraient aimé rentrer eux aussi. A titre d’exemple, l’on tente par tous les moyens de retenir Boumezrag, qui représente toujours une menace et ce dernier serait même entré dans l’armée française pour mener une répression, avec cinquante autre soldats algériens, contre la révolte d’une minorité Calédonienne, les Canaques.Aujourd’hui, il reste encore des traces de la présence de ses kabyles dans le Pacifique. En effet, assez prêt de Nouméa, chef-lieu de la Province Sud, se trouve la « Vallée des arabes » et non loin de la il y a le cimetière des Arabes où sont enterrés les anciens déportés algériens. Les personnes sont enterrées dans le pur rite musulman, tombes orientées vers la Mecque. En plus du cimetière, on retrouve aussi des populations qui s’efforcent de ne pas « oublier » leur culture et leurs traditions. Ils parlent en effet certains mots d’arabe, font parti d’une association de musulmans de la région, ils ont aussi une mosquée et un centre religieux où l’on célèbre toutes les fêtes musulmanes. En pénétrant dans le Nessadiou (vallée des arabes), on a l’impression de se retrouver dans un véritable petit village kabyle. [http://www.amnc.org/images/bourail_long.jpg] Centre Islamique de Nessadiou
Conclusion

Ainsi, l’insurrection contre la puissance coloniale française menée par El Mokrani s’étend dans tout le nord du pays. Apres l’arrestation de Boumezrag, l’armée française parvient à mettre fin au soulèvement et condamne les chefs de la résistance. Le verdict mène les chefs et par la suite la population ayant participé à l’insurrection en Nouvelle-Calédonie ; condamnés à l’exil.Environ 200000 insurgés rejoignent les bagnes après une traversée longue et pénible. Tout au long du voyage, les « Kabyles du Pacifique » sont enfermés dans des cages et transportés dans des conditions malaisées: beaucoup meurent de maladie et de faim avant d’atteindre l’île.Arrivés en Nouvelle Calédonie, ils sont placés dans les bagnes. Par ailleurs ils participent au peuplement de l’archipel en fournissant une main d’œuvre importante utilisée pour bâtir les prisons et urbaniser le territoire. Certains assignés peuvent cependant servir les colons libres mais la majorités des détenus restent dans les prisons où ils côtoient les communards parisiens. Ces deux catégories d’insurgés s’unissent par un lien de solidarité renforcé par un même sentiment d’injustice et d’éloignement. Ainsi, l’amnistie dont bénéficient les communards français mènera par la suitela grâce des insurgés Kabyles.
Célia.A, Célia.C, Sara.C, Malik.H SOURCES :•
http://www.seddouk-ouffella.com/spip.php?article108http://www.planet-dz.com/ACTU/2001/mai/lallaoui-algeriens-du-pacifique.htmhttp://www.editions-berberes.com/article.php3?id_article=64http://nouvellecaledonie.rfo.fr/http://www.vitaminedz.com/articles-169-0-721-toute_l_algerie-histoire___07__l_occupation_francaise-histoire__les_algeriens_de_nouvelle_caledonie_-3.html
http://www.algerie-dz.com/article1019.html
http://www.makabylie.info/?article1245
http://www.amnc.org/amnc/algeriens.php
http://fr.wikipedia.org/wiki/Kabyles_du_Pacifique
http://www.amnc.org/images/bourail_long.jpghttp://www.brazza.culture.fr/img/afrique/iconos/la_politique_coloniale_en_afrique_apres_1879/la_politique_coloniale_en_afrique_apres_1879_32.jpghttp://www.acb54.com/IMG/jpg/portraitmok.jpghttp://www.vuici.com/images/carte-nouvelle-caledonie.gifhttp://www.chocolat.tv/photos/albums/userpics/10001/normal_bagnes-noumea.jpg• Mehdi Lallaoui, Kabyles du Pacifique, 1994, Edition Au nom de la mémoire, Bezons, France• CDROM Histoire d'Algérie édité par le ministère des Moudjahidines

Expositions universelle et coloniale de 1900 et 1931



Du sable, des dromadaires, des éléphants et d’authentiques tentes sahariennes à Paris… non ce n’est pas le Parc Zoologique de Paris, mais presque. C’est à l’occasion de faramineuses expositions que de tels aménagements ont eu lieu. Les deux plus importantes d’entre elles se sont tenues en 1900 pour l’Exposition Universelle, et 1931 pour l’exposition coloniale.

L’Exposition Universelle est, avec environ 80 000 exposants et plus 50 millions de visiteurs, la plus spectaculaire des deux. Elle se pose en témoin des avancées scientifiques de l’époque et c’est d’ailleurs à cette occasion que certains édifices urbains sont construits, comme le métro de Paris. C’était également le moment de faire un bilan de la colonisation : on pouvait trouver des indigènes ainsi que des dromadaires dans un décor très exotique.
Néanmoins la plus intéressante pour notre travail est bel et bien l’exposition coloniale de 1931 qui a attiré plus de 8 millions de visiteurs. Inauguré le 6 mai 1931 par le président de la république, Gaston Doumergue et l’organisateur Maréchal Lyautey, L’Exposition Coloniale Internationale et des Pays d’Outre-Mer dans le Bois de Vincennes, à l'est de Paris, se prolongea jusqu’au 15 novembre, soit six mois plus tard. Avec un musée de la colonisation, un par zoologique, des reconstitutions de temples ainsi que plusieurs milliers de stands, l’exposition célèbre la réussite coloniale. En effet à l’époque on loué les bienfaits de la colonisation : "La colonisation est un phénomène qui s’impose, car il est dans la nature des choses que les peuples arrivés à son niveau supérieur d’évolution se penchent vers ceux qui sont à son niveau inférieur pour les élever jusqu’à eux.", par Paul Raynaud, ministre des Colonies, le 2 juillet 1931.Néanmoins, pour d’autres ce sont que des lieux de propagandes créés dans le but de cacher la vérité sur le déclin de la colonisation aux français.

A/ Un contexte qui justifie ces expositions :
L’Europe épris de désir de civiliser les peuples dits « inférieur », par ces derniers, se retrouve à la fin du XIXé siècle à la tête d’un grand empire colonial qui s’étend sur tous l’hémisphère sud du globe et l’Amérique du nord. C’est à l’occasion de l’exposition universelle de 1900, que ces pensées pro-coloniales furent exposées aux yeux de millions de visiteurs comme une fierté, aux cotés des premières machines à vapeur ou des découvertes médicales de l’époque. Pour les plus grands colonisateur, comme la France ou L’Angleterre, cette exposition était également l’occasion de justifier toutes les dépendances en ce sens : les milliers de soldats et d’argent envoyés au front pour gagné des terres, tandis ce que le peuple mourrait à la métropole. Bien des années plus tard, après la première guerre mondiale, une exposition, cette fois-ci entièrement consacré aux colonies, est organisée mais pour des raisons bien différentes. Les colonies se sont montrées d’une très grande utilité pour ceux qui les avaient colonisées. En effet, lors de la guerre de 14-18, les pays colonisateurs sont entrés en conflit avec de nets avantages procurés par les colonies, tels que les ressources ou surtout un soutient armée fourni par des soldats indigènes. Ou encore lors la crise de 1929, tandis que les pays non colonisateurs voyaient le chômage augmenter et le peuple "raller "de plus en plus, les pays colonisateurs s’appuyaient sur leurs colonies pour se sortir de ce mauvais pas. C’est donc dans l’optique de faire l’éloge de la colonisation que l’initiateur de cette idée, Maréchal Lyautey, décide de la concrétiser : « Beaucoup pensaient qu’étendre la puissance française dans le monde, c’était la diluer, l’affaiblir, la rendre moins apte à conjurer un péril toujours menaçant. Mais, aux jours tragiques, les colonies vinrent se pla¬cer aux côtés de la Mère patrie et l’union de notre Empire se fit à l’épreuve de la douleur du sang. », déclare-t-il dans son discours inaugural le 6 mai 1931. Néanmoins confronté au refus de bon nombre de pays ou de la maigre participation de certains, comme L’Angleterre et l’Allemagne qui prétextaient la crise de 1929, cette exposition coloniale sensé être universelle finis par devenir majoritairement française. Devenant ainsi l’occasion de marquer apothéose de la IIIé République et réaffirmer la grandeur du français colonisateur, souvent mépriser sur ce domaine par les autres, comme le mentionne Paul Reynaud, ministre des Colonies, dans son livre Le Livre d’or de l’Exposition coloniale internationale de Paris 1931 : « En vain, depuis cent ans, nous avions retrouvé la tradition, remporté des succès magnifiques et ininterrompus : Algérie, Indochine, Tunisie, Madagascar, Afrique occidentale, Congo, Maroc. Malgré tout, le préjugé subsistait : le Français, répétait-on, n’est pas colonial. Il a fallu l’exposition actuelle et son triomphe inouï pour dissiper les nuées. Aujourd’hui la conscience coloniale est en pleine ascension ». Malgré cela, des idées anticoloniales firent leur apparition dés le début du XXé siécle, principalement soutenu par le parti socialiste et la CGTU (Congrés Général du Travail Unitaire), faisant de plus en plus d’adeptes. Face à cela, le gouvernement se doit de répondre, et c’est d’ailleurs l’un des objectifs de l’exposition : justifier le maintient de l’empire coloniale.Par contre, hormis des raisons politiques, ces expositions sont d’excellents lieux pour se cultiver l’esprit tous en voyageant loin. Et c’est d’ailleurs la première raison pour laquelle le public se déplace.











B/ Une organisation titanesque : En effet elles ont toutes les deux un fort succès, même, plus qu’estampé. Néanmoins pour arriver à ce résultat des moyens titanesques furent mis en place pour proposer un contenu attrayant.
l'exposition de 1900 est la plus impressionnante des deux avec plus 50 millions de visiteurs, un records pour l’époque, contenu du niveau de vie et des moyens de transports. Mais aussi 76.000 exposants réparties sur superficie 1,12 km². C’est la troisième exposition universelle se tenant à Paris, après celle de 1855 et 1889, et se déroule du 15 avril au 12 novembre 1900. Au pied de la Tour Eiffel, elle s’étend des Champs Elysées jusqu’au Champs de Mars en couvrant l'esplanade des Invalides, les quais et cela avec plus de 36 entrées. Elle regroupé un grand nombre de monuments artistiques comme la monumental porte de la place de la Concorde, représentant les ouvriers ayant participés au projet, ou encore le Grands Palais édifié par Deglane, Louvet et Thomas et destiné à des représentations d'arts ainsi que le Petit Palais des Beaux-Arts édifié par Charles Girault. Mais ce qui nous intéresse le plus ce sont les stands coloniaux, qui sont très diversifiés. Le panorama « Tour du monde » est le plus expressif avec des reproductions, notamment celle d’un des temples d’Angkor Vat (temples Cambodgiens), ou encore avec un pavillon japonais reprenant l’architecture japonaise. Il y a avait également des pavillons par pays. Cette exposition à également contribuer à l’embellissement de la capitale française, notamment par la construction de la première ligne de métro de Paris, le Métropolitain, que l’on pouvait prendre pour assister aux Jeux Olympiques organisés au même moment. Cet événement a nécessité 2.000.000 de franc d’investissements de la part de l’état français, une somme considérable pour l’époque.





L’Exposition Coloniale Internationale et des Pays d’Outre-Mer est inauguré le 6 mai et se termine le 15 novembre 1931 par Gaston Doumergue, Président de la République dans le Bois de Vincennes, Porte Dorée à Paris. Elle reçoit plus de 8 millions d’habitants et sont vendus au total 33 millions de tickets. On peut s’y instruire grâce aux nombreux musées, comme le Musée permanent des Colonies renseignant sur les arts et cultures des colonies françaises ou encore le Palais des Beaux-Arts. Mais aussi s’y distraire avec les animations journalières qui y sont organisées : comme des défilés d’authentiques cavaliers indigènes ou la reproduction de cérémonies indigènes. Il y a également des reproductions de villages africain est asiatique avec des autochtones déporté ainsi qu’un zoo où l’on pouvait admirer des animaux exotiques. Tous les pays et colonies possèdent son propre pavillon, comme la section algérienne ou le pavillon des Etats-Unis.



C\ Les répercussions de l’exposition coloniale :
Comme les chiffres le prouvent, les deux expositions ont beaucoup attiré, avec 50 millions pour l’une et 8 million pour l’autre. Ainsi la propagande qu’elles diffusent a atteint leurs destinataires qui pour la plupart se dirigent vers les colonies faisant ainsi d’eux des zones touristiques attrayantes. Néanmoins la politique de la gauche républicaine visant à faire du Maghreb et surtout de l’Algérie une colonie de peuplement a échoué puisque en 1936 seuls 14.000 Français étaient répartis dans l’empire colonial français d’Afrique du nord parmi 15 millions d’indigènes.

Avant l’ouverture, les surréalistes distribuaient des tracts intitulés « Ne visitez pas l’Exposition Coloniale », dans le but de prévenir la population des dangers du colonialismes : « Aux discours et aux exécutions capitales, répondez en exigeant l’évacuation immédiate des colonies et la mise en accusation des généraux et des fonctionnaires responsables des massacres d’Annam, du Liban, du Maroc et de l’Afrique centrale. » Il réitère cela lorsqu’un incendie ravage le pavillon des Indes néerlandaises le 27 juin, en distribuant des tracts intitulés « Premier bilan de l’Exposition Coloniale » : « ainsi se complète l’œuvre colonisatrice commencée par le massacre, continué par les conversions, le travail forcé et les maladies ». C’est l’année suivante que la réponse est plus virulente avec l’inauguration le 19 septembre 1931 de la Contre Exposition. Organisé en 3 sections, dans un premier temps elle fait une rétrospective de la colonisation en insistant sur les crimes commis, puis dans une seconde salle elle oppose les idées non coloniale des soviets au procolonialisme républicain, et pour finir elle présente les problèmes culturels soulevé par le colonialisme. Elle n’a pas le succès espérait, mais montre bien que la France est séparée en deux.

Outre, les enjeux politiques que portent ces deux expositions, elles se posent en représentants des pensées et faits coloniaux de la fin du XIXé et le début du XXé siécle.
Youssef et Aziz G
Sources

mardi 22 janvier 2008

Notice à l'usage des gradés appelés à commander des militaires musulmans nord-africains

Voici une sélection de quelques citations extraites de cette notice. C'est moi qui ai mis en rouge certains passages qui me semblent représentatifs de la mentalité coloniale à l'oeuvre ici. C'est comme cela pendant 55 pages ! Si vous voulez le lire en entier, cliquez ici pour le télécharger au format PDF (attention le fichier est volumineux, 20 Mo).

"LE MUSULMAN NORD-AFRICAIN AU REGIMENT

Formé intellectuellement par une religion qui lui a in­culqué des concepts parfois très différents des nôtres, façonné par des institutions sociales, des moeurs et cou­tumes ayant peu évolué par rapport à celles des sociétés occidentales, le Musulman Nord-Africain, lorsqu'il arrive au Régiment, se trouve pour ainsi dire devant un monde nouveau.

Obligé de se plier brusquement à des façons d'être et de se comporter, de s'habiller, de manger, de dormir même, auxquelles il n'est ni habitué, ni préparé, soumis à des règles de vie et à une discipline qui tranchent sur l'inor­ganisation et l'insouciance de son existence antérieure, recevant à chaque instant des ordres qu'il ne comprend tout d'abord pas, puisqu'il ignore le plus souvent le fran­çais, risquant des punitions dont il ne saisit pas toujours les motifs ou la portée, il hésite, se trompe, commet des fautes. De là chez lui, fréquemment, au début de sa carrière militaire, un véritable désarroi qui risque de le faire mal juger et de conduire à des mécomptes si le gradé chargé de son instruction ne sait en déterminer les causes et agir vis-à-vis de lui de la manière qui convient.

Ce nouveau venu possède cependant des qualités suscep­tibles de faire de lui un excellent soldat ainsi que l'a montré sa participation brillante aux côtés des nôtres à de nombreuses campagnes: pacification de l'Afrique, Crimée Italie, Mexique, Madagascar, Tonkin et aux guerres euro­péennes de 1870, 1914-18, 1939-40.

Fils d'une race vigoureuse et énergique, aimant tradi­tionnellement le « baroud », ayant à un degré élevé le sentiment de l'honneur, le goût du geste large et géné­reux, de la fantasia, tout en ne négligeant pas les ressour­ces de la ruse et de l'astuce, ce guerrier-né fait en effet preuve des réelles aptitudes au métier militaire tel que nous l'entendons.

Robuste, agile, sobre, résistant à la fatigue et aux intem­péries, doué d'une vue perçante et d'une ouïe très fine, il est un remarquable marcheur et peut devenir un bon tireur, un habile combattant.

Epris de tout ce qui accroît la force et le prestige, dési­reux d'apprendre, il se familiarise assez rapidement avec le maniement et le fonctionnement des armes modernes et nourrit même a leur endroit une sorte de culte naïf.

Respectueux de l'autorité, pourvu qu'elle soit ferme et juste, il peut être dévoué à ses chefs jusqu'à la mort.

Le savoir, la dignité, la bonne tenue, la conscience professionelle, le sang-froid lui en imposent.

Son courage, son mépris du danger sont incontestables et procèdent du reste d'une notion d'ordre religieux: Allah, maître de la destinée humaine, donne ou enlève la vie à son gré. C'est sa volonté qui commande le salut ou la mort. Mais l'amour-propre aide aussi au courage et celui du Musulman Nord-Africain, très développé, va souvent jusqu'à l'orgueil.

Cocardier, et sensible au panache, il prise tout particu­lièrement les galons et les décorations et rêve de s'en voir attribuer.

Profondément religieux, enfin, il a le sentiment du devoir, s'incline devant les règles morales et la nécessité des hiérarchies.

Ces qualités varient selon qu'il s'agit de citadins ou de campagnards, d'hommes de la plaine ou de la montagne, de Marocains, d'Algériens ou de Tunisiens, d'Arabes d'ori­gine ou de Berbères, mais, chez la plupart des recrues ou des engagés volontaires, elles ne tardent pas à s'affirmer si le nécessaire a été fait pour en favoriser l'épanouissement.

Mais ce soldat a aussi les défauts de ses qualités.

Sa fierté de caractère s'accompagne généralement d'une susceptibilité excessive. D'où une attitude ombrageuse, une tendance à l'aigreur, à la récrimination et, parfois, des coups de tête qui peuvent le conduire à des fautes graves contre la discipline.

Par fierté également, il donne volontiers des cadeaux, dépense tout son argent pour paraître", se montre imprévoyant et se met de ce fait dans des situations diffi­ciles dont il s'efforce de se tirer en recourant à des pro­cédés plus ou moins recommandables.

Fait de contrastes, il est en effet quelquefois peu scru­puleux, alors que, par ailleurs, on le voit s'efforcer à la droiture et à la noblesse. La dissimulation peut prendre chez lui des proportions insoupçonnées et le porter à nier l'évidence avec une assurance qui déconcerte l'européen.

Méfiant par instinct, il ne se livre que difficilement.

L'esprit de clan, si poussé dans sa tribu, subsiste en lui à la caserne et l'incite à former avec des camarades de petits ,,çoff" où se cultivent les amitiés et les inimi­tiés, les complicités et les rivalités, les dévouements et les haines. Cette manière de faire peut engendrer des états de choses préjudiciables à bonne harmonie qui doit régner dans une section, une compagnie, un escadron, et nuire, dans une mesure grave, à l'exercice du Commandement.

Tendance atavique également, le goût de la chicane, de la discussion, le pousse à se quereller avec ses camarades, à leur chercher noise pour des motifs souvent futiles. Son caractère emporté l'entraîne alors à des attitudes violentes et parfois même à des brutalités qu'il regrettera, une fois revenu au calme, mais que la perspective des sanctions ne réussira pas toujours à empêcher.

A l'opposé de ces attitudes violentes et en contradiction avec elles, on le verra faire preuve de souplesse, de dupli­cité, et même user de flatterie avec ceux de ses chefs qui lui témoigneront de l'intérêt. On le verra aussi tantôt hum­ble et tantôt vaniteux, tantôt généreux et tantôt égoïste, tantôt désintéressé et tantôt cupide, tantôt patient et tantôt impatient, tantôt tendu dans l'effort et tantôt enclin à la paresse et au laisser-aller.

Sa conduite vis-à-vis des femmes se ressentira de cette instabilité: la dureté qu'il manifeste ordinairement à leur égard cédera tout à coup à des mouvements de passion qui le rendront capable de toutes les folies pour une fille de mauvaise vie...

L'instruction étant chez les Musulmans Nord-Africains l'apanage d'une classe privilégiée, le tirailleur, la plupart du temps illetré, ne trouve pas de distractions dans le domaine intellectuel. Aussi en cherche-t-il dans de passe-temps divers, plus à sa portée et particulièrement dans le jeu. Jeux de cartes, de domino, de lotos, jeux d'argent ont ses préférences, ce qui ne va pas sans inconvénients et même sans dangers lorsqu'il s'y adonne avec excès.

Habitué à ne boire que de l'eau ou des boissons non ' fermentées ainsi que le lui prescrit sa religion, il s'enivre très vite dès qu,il se laisse tenter par le vin ou l'alcool et en absorbe quelquefois de façon immodérée, au point de ne plus se contrôler et de se livrer aux actes les plus répréhensibles.

Fumeur, il use aussi volontiers de ,,hachich" ou de ,,kif" qui abrutissent ceux qui les utilisent, minent leur santé et les conduisent à la tuberculose ou à des désordres mentaux.

Vindicatif, enfin, il vouera à celui, chef ou camarade, qui l'a traité avec malveillance ou avec injustice un ressenti­ment que le temps ne parviendra pas toujours à effacer.

Bien que vigoureux, il peut être sujet à des défaillances physiques. La privation de sommeil, par exemple, lui coûte et, si le gradé n'y prend garde, l'envie de dormir peut l'emporter chez lui sur toute autre considération, y compris le souci de la consigne, même s'il est placé dans un poste périlleux. Le froid peut aussi annihiler ses facultés quand il est de fraction.

Ces traits de caractère sont, en général, ceux de tous les militaires Musulmans Nord-Africains, compte tenu, ainsi qu'il a été dit, de leurs origines régionales, sociales ou ethniques. Ils se modifient plus ou moins au cours des années de service et il peut arriver que, l'éducation mili­taire produisant ses effets, ils fassent place à un état d'es­prit se rapprochant très sensiblement de celui des Français.

Mais parfois aussi l'emprise du métier militaire, loin de l'améliorer, surtout si les intéressés ont eu affaire à des chefs incompréhensifs ou ignorants de leur mentalité, accentue en eux certains défauts et fait des vieux tirail­leurs, ceux, notamment, qui n'ont pas réussi à obtenir des galons, des êtres mécontents et aigris, avec qui il convient d'user de plus de ménagements qu'avec les jeunes. Il y a là, dans ce cas, une question de jugement qui demande de la part des gradés ayant à les commander de l'intelli­gence et du doigté.

En résumé, le militaire Musulman Nord-Africain, avec son ensemble de qualités et de défauts, ses aptitudes réelles au métier des armes et les infériorités qu'il tient de sa nature fruste et inorganisée, les oppositions et les con­trastes de son caractère, ses élans et ses défaillances, cons­titue une matière humaine riche mais délicate à manier. Elle offre au chef qui l'a sous ses ordres des possibilités de commandement des plus intéressantes, mais non sans aléas et même sans dangers.

Le former, l'instruire et faire de lui l'excellent soldat qu'il est susceptible de devenir est une des tâches les plus prenantes qu'un officier ou un sous-officier puisse assumer au cours de sa carrière. Elle demande avant tout de l'étude de la réflexion et du jugement. La connaissance des règles qui la dominent et dont les principales figurent au chapitre suivant, ainsi que la volonté et la foi, doivent permettre de la mener à bien, en assurant à ceux à qui elle est confiée les satisfactions les plus complètes et les plus hautes."

[pp. 22 et suivantes]

"Surveiller attentivement les signes d'exaltation surgissant parfois inopinément chez un homme, surtout chez les noirs. Ces véritables cas de folie aboutissent souvent à un meurtre. Ne pas négliger les avis des sous-officiers indi­gènes à cet égard." [p.32]

"d) Education physique.

A l'éducation physique, ne pas s'étonner du manque de souplesse inévitable chez des hommes qui n'ont eu précé­demment aucune préparation sportive.

Ne pas faire de séances trop longues. Ne pas abuser des exercices d'assouplissement, surtout en hiver, dans les régions de climat froid. Passer rapidement à des exercices d'application tels que le saut, la course et les jeux de ballon.

L'Indigène est naturellement un excellent coureur et un lanceur remarquable. Ces deux qualités, très utiles dans le métier militaire, pourront facilement être développées mé­thodiquement par l'instruction.

e) Instruction du tir.

A l'Ecole du tireur et du grenadier, l'indigène, qui se passionne pour le tir, obtiendra des résultats satisfaisants si une pratique continue et la discipline du feu corrigent sa tendance à la ,,fantasia" et au gaspillage des muni­tions. Il se grise à tirer et dès lors tire fort mal, ne songeant qu'au bruit.

Il est donc essentiel de diriger avec le plus grand soin l'enseignement et la pratique du tir et d'exiger une appli­cation très stricte de la discipline du feu. Cette partie de l'instruction incombe spécialement aux cadres français qui doivent s'attacher à enseigner lentement et patiemment les notions du début et ne pas se décharger de ce soin sur les cadres indigènes.

f) Emplois de spécialistes.

Certains emplois de spécialistes seront, en principe, et dans la mesure permise par les effectifs, réservés aux Européens." [p. 34]

vendredi 11 janvier 2008

"La cité des Roses" de Mouloud Feraoun

Mouloud FERAOUN
La Cité Des Roses



I – Critique Littéraire
1 – L’auteur
Mouloud Feraoun est né le 8 Mars 1913 , dans un village du Djurdjura de 2000 habitants .
Son nom est Aït-Chabane, Feraoun étant le nom attribué par l'état-civil français.
Entré à l’école primaire de Tizi Hibel dès 7 ans , il obtint une bourse à l’E.P.S (collège) de Tizi Ouzou où il prépara le concours d’entrée à l’Ecole Normale d’instituteur de Bouzaréah.
Instituteur en 1935 , il obtint sa première direction d’école à Taourirt Moussa en 1945 .
Lorsqu’en 1952 , il dut exercer à Fort National afin de pouvoir scolariser des enfants qui allaient entrer au collège , il vécut cela comme un exil . Mais le véritable déracinement pour lui , fut sa nomination à Alger .
En 1953 , il reçoit le Prix du roman populiste pour son roman "La terre et le sang".
Il resta trois années à l’Ecole de la Cité Nador où il prit la direction en Octobre 1957 .
C’est en Octobre 1960 que Mouloud Feraoun rejoignit les Centres Sociaux Educatifs qui avaient pour mission de mettre en place un projet destiné aux populations les plus défavorisées d’Algérie ( cours d’alphabétisation , d’agriculture , d’hygiène , de santé , etc..)
C’est la , alors qu’il participait à une séance de travail , qu’il fut assassiné le 15 mars 1962 avec cinq de ses compagnons ( deux musulmans et trois européens ) par un commando de l’OAS qui les cribla de balles .


2-Fiche de lecture
"La Cité des Roses" a été achevé fin 1958 . Puis reprit en 1962 . Les premiers chapitres ont été publiés en 1972 dans le recueil "L’anniversaire" . 49 ans plus tard , il est édité dans son intégralité à titre posthume . Ce roman est bâti autour d’évènements et de faits réels vécus par l’entourage de l’auteur et dont il s’est inspiré .
La Cité des Roses est une histoire d’amour entre un Algérien et une Française dans un contexte de crise radicale du système colonial . Sans insister sur la situation historique , qui apparaît de toute façon dans les rapports quotidiens entre les personnages et se manifeste par des scènes de jalousie , d’hypocrisie et de colère ; Mouloud Feraoun fait naître et s’épanouir un sentiment d’amour au milieu de la haine.
Mais cet amour étouffé et brillant entre une institutrice nouvellement arrivée de France et un directeur d’école algérien , tous deux mariés par ailleurs qui veut exprimer le besoin de liberté qui éprouvent l’un et l’autre camp , se terminera finalement par une rupture .
La manière dont cette passion est racontée et aboutit nous éclaire sur les relations qui existait entre les indigènes algériens , les colons Français (de France) et les colons Française (d’Algérie) , dans le contexte difficile des dernières années de la guerre d’Algérie . De plus la rupture de couple fait penser à la fin de la colonisation Française en Algérie.


3-Le ressenti sur le livre

a) Commentaires de Benamara Aziz
Ce qui m’a le plus plu dans ce livre c’est de voir qu’il peut naitre un sentiment d’amour aussi fort dans une période aussi trouble où domine la haine , la souffrance et la mort . Je suis interpellé par le fait que Mouloud Feraoun arrive encore à mettre des qualités humaines dans ses personnages ( confiance , don de soi ) alors que leur comportement quotidiens les obligent à tout le contraire ( méfiance , hypocrisie , haine) . Comme quoi , même dans les situations les plus dramatiques , l’espoir existe encore …

b) Commentaires de Bourkaïb Manyl
J’ai beaucoup apprécié le style de Feraoun dans ce livre . Je trouve qu’il diffère du style du "Fils du Pauvre" mais c’est tout de même original . En ce qui concerne l’histoire , je pense que ce n’est pas vraiment vraisemblable . Je n’imagine pas deux personnes mariés s’aimer entre eux dans un tel contexte . Mais , c’est peut être cela qui fait la magie de l’histoire…



II - Le Contexte Historique
1 -L’école
L’école s’est implanté en Algérie en plusieurs phases et de façon très inégale .
Dans les années 1870 , Alger devient un département Française . Dès lors , les colons se rendant compte que les indigènes ne sont pas assez civilisés par rapport aux européen mettent en place un politique d’assimilation . Le but de cette politique est de civiliser et franciser les indigènes . Plusieurs instituteurs français viennent en Algérie pour instruire les indigènes . L’école touchait plus les villes que les campagnes et était fréquentée plutôt par les garçons que par les filles . En effet , plusieurs familles indigènes , très conservatrices , refusent d’envoyer leurs filles à l’école) .Un faible nombre de filles vont à l’école et en sont retirées dès l’âge de 10ans .
A l’école , les indigènes apprennent la langue française , la culture française et l’histoire de la France . Les instituteurs ont parfois recours à la propagande afin que les indigènes soient incités à penser qu’ils sont Français .Les chiffres ne sont pourtant pas satisfaisants : 10% des indigènes vont à l’école primaire , 8 % en secondaire et 4% font des études supérieures .
C’est à partir des années 1950 que les indigènes se rendent compte que l’instruction pemet de s’en sortir socialement . C’est alors que plusieurs écoles sont construites . Au début , ce sont des écoles d’une classe dans laquelle l’instituteur s’occupe en même temps d’élèves de niveaux différents .
Même s’il existe une politique de scolarisation , les inégalités demeurent entre les européens et les musulmans , les zones rurales et les zones urbaines , les garçons et les filles et enfin selon les différentes classe sociales . Cela , tant du point de vue de la scolarisation dans le primaire et du choix de la filière d’enseignement .


2 – Relations entre Français et Algériens
Les relations entre Algériens et Français ressemblaient à des relations amicales .
« Etant enfant , je me souviens que nous avions beaucoup d’amis , avec lesquels nous sommes toujours restés en bons termes d’ailleurs . Parmi eux , il y avait des Français , des enfants d’Algériens mariés a des Françaises et des Algériens . Nous nous recevions mutuellement et nous organisions des sorties ensembles à la plage par exemple » , raconte Fazia , la fille de Mouloud Feraoun .
Cependant , si les uns et les autres vivaient en bonne entente , c’était le plus souvent cote à cote , chacun de son côté . Les Algériens qui avaient un statut inférieur continuaient de vivre eux . Les Français , pour la majorité d’entre eux ne cherchaient pas à voire ce qui se passait chez les Algériens . Ils les ignoraient et entretenaient des relations entre eux .
Cette ‘‘indifférence’’ était ressentie par la population algérienne . « Cela dit , les Français d’Algérie étaient persuadés en toute bonne foi , de leur supériorité et ils ne manquaient jamais une occasion de la faire valoir . Par exemple , lorsque nos amies essayaient gentiment de nous donner des conseils , ma mère n’acceptait pas ce paternalisme et elle les remettait directement à leur place » poursuit Fazia.
Dans "La Cité des Roses" , , Mouloud Feraoun dit bien que si les Français ont cherché à assimiler les populations algériennes en leur inculquant leurs principes , leurs valeurs et leurs savoir, ils n’ont eux-mêmes jamais cherché à s’assimiler à la population chez laquelle ils arrivaient .


3 – La guerre
Pendant les dernières années de la guerre d’Algérie , les relations entre Algériens et Français sont exacerbées . "La violence est là. Des scènes horribles se déroulent sous nos yeux et font partie du quotidien . On se méfie les uns des autres , on se surveille . Chacun dénonce tout le monde . On est tenu d’afficher son camp et de s’y maintenir . D’ailleurs , on n’en a pas besoin : on est Français ou Arabe » raconte Zedjiga , aînée des enfants Feraoun . « Et dans la vie de tous les jours , chacun veut se persuader qu’il participe à sa façon au conflit . Alors l’amitié s’en va et laisse place à la défiance et aux mesquineries » , poursuit Fazia .

Sources :

N.B : Nous avons réalisé ce travail à partir d’interviews . Nous avons interrogé trois des enfants de Mouloud Feraoun . Ils nous ont apporté des informations sur le livre , l’histoire , le contexte de la guerre et la vie entre français et algériens

- Mr FERAOUN Ali : Né à Tizi Hibel , le 14/09/1942 .
Conseiller du Ministre de l’agriculture
Ingénieur en Agronomie
Diplômé en Anthropologie Sociale et Culturelle université René Descartes
Président de la section Algérienne de l’Association des « Montagnes du Monde » et Président de l’association des anciens élèves de l’Institut National Agronomique

- Mme FERAOUN (ABTROUN) Zedjiga : Née à Tizi Hibel , le 31/07/1939
Docteur en Médecine
Ancienne directrice de l’école du Clos Salembier et du collège du Chemin de Gascogne (Alger)

- Mme FERAOUN (BELMILOUD) Fazia : Née à Taourirt Moussa , le 04/10/1950
Professeur à l’Université d’Alger
Docteur en Sociologie , diplômée de la Sorbonne sous la direction de Mr Pierre BOURDIEU .


-Cour d’Histoire/Géographie , Lycée International Alexandre Dumas , Alger
Professeur : Mme CARRIER

Aziz et Manil




mardi 8 janvier 2008

la conquête de 1830 à 1901

I. Le Coup d'éventail :

( le début du message)

II. Les premières étapes de la Conquête de L'Algérie de 1830-1847 :



En Janvier 1830, la décision est prise de lancer, avec ses propres forces, une expédition contre la Régence… Officiellement, il s'agissait de venger l'affront fait au pavillon français. Ainsi, sans véritable conviction ou doctrine coloniale établie, sans intérêt économique avéré, les préparatifs furent menés a bon train.



Le 16 mai 1830, de Toulon, part une flotte de navires



Le corps expéditionnaire ( 37.000 hommes / 600 navires commandés par le Ministre de Guerre lui-même, M. de Bourmont) débarque le 14 juin 1830 dans la Baie de SIDDI FERRUCH.





Le 18 juin, au soir, une armée menée par le neveu du dey, l’Agha Brahim attaque le corps expéditionnaire sur tous les fronts.



Après une suite d’attaques victorieuses, l’armée française réussit assez facilement a atteindre Fort l’Empereur, la principale place forte d’Alger le 4 juillet, sur les hauteurs d'Alger. La chute de la forteresse livra la ville aux français.

Le 5 Juillet, Le dey d'Alger Hussein appose son sceau sur la Convention qui livre Alger aux français à DJENANE El-Raïs - dite plus tard " la ville du traité".



M. De Bourmont passera la nuit dans le lit du Dey.




Puis la conquête française commence.



Après la prise d'Alger, Polignac avait pensé convoquer une conférence internationale pour régler les intérêts de l'Europe :il négociait par ailleurs la remise d'Alger au gouvernement OTTOMAN, en échange d'un accroissement des concession françaises et de l'occupation de Bône. Au même moment, les troupes françaises s'emparaient de Bône et d'Oran. Une tentative contre Blida se soldait par un échec mis sur le compte d'une trahison turque…



La révolution de 1830 marque le temps des incertitudes. La Monarchie Orléaniste qui considérait, à juste titre, l'État major de l'Armée d'Afrique comme peu sûr, fut d'abord favorable au rembarquement mais recula ensuite par crainte des réactions de l'opinion publique… qui oscillait entre inquiétude et orgueil face au succès de l'expédition.





La période qui suit la disparition du régime turc est caractérisée par le désordre général en Algérie. Les Généraux Gouverneurs improvisent leur politique au gré de leurs tempéraments. Dans l'anarchie qui submerge le pays, les chefs et les notables musulmans cherchent une direction et un Maître.



En 1834, deux pouvoirs s'affirment. Dans le Constantinois, le bey Hadj Hamed s'est maintenu. Il assure l'ordre par la violence et négocie avec Français et Ottomans. A l'ouest, un jeune marabout, Abd El Kader s'est fait reconnaître à 24 ans comme "Sultan des Arabes" par quelques tribus de la région de Mascara.



III. La seconde phase 1847-1901 :



Commandant de la place d'Oran, le général Desmichels négocia alors avec l'émir de Mascara Abd el-Kader un traité qui fit du jeune chef arabe le porte-parole de la plupart des populations de l'ouest algérien, un statut qui rendit rapidement dangereux ce jeune chef, investi du prestige que lui valait sa réputation d'être un descendant du Prophète. La destruction, en juin 1835, d'une colonne française au défilé de La Macta et la mise à sac de Mascara à titre de représailles marquèrent alors le début d'une guerre qui ne pouvait se terminer que par la défaite totale de l'un des deux adversaires. L'échec de l'action lancée en novembre 1835 contre Constantine conduisit cependant à la conclusion, l'année suivante, du traité de La Tafna qui reconnaissait à Abd el-Kader le contrôle de fait de l'arrière-pays d'Oran et d'Alger. La conquête très difficile de Constantine en octobre 1837 et la création du port de Philippeville dissimulaient mal la fragilité de la position française alors que le traité de La Tafna n'était pour Abd el-Kader qu'une trêve préludant à la reprise de la guerre sainte contre l'envahisseur. La lutte reprit donc en 1839 mais les colonnes mobiles organisées par le général Bugeaud finirent par avoir le dessus sur un adversaire privé de points d'appui solides. Réfugié au Maroc, l'émir parvint à entraîner le sultan contre les Français mais la victoire de l'Isly (4 août 1844) et le bombardement des ports de Tanger et de Mogador obligèrent le souverain chérifien à traiter et à se désolidariser d'un allié bien encombrant. Revenu en Oranie mais constamment traqué par les troupes françaises, l'émir se rendit au duc d'Aumale le 23 décembre 1847. La logique de l'expansion avait balayé le projet d'une simple occupation restreinte et des colons encore peu nombreux commençaient à s'installer quand la Révolution de 1848 puis l'établissement du Second Empire vinrent ouvrir une ère nouvelle dans la toute jeune histoire de l'Algérie française.



Avec la chute de la dernière grande résistance que constituait l’émir Abd El Kader, celle-ci se fait de plus en plus vite, ainsi, la révolte kabyle Mokrani de 1870 est vite matée dans le sang. S’en suivit une rapide conquête du sud de l’Algérie, les dernières grandes villes que sont Laghouat, d'Ouargla et de Touggourt, a résister sont occupées sans grande difficulté entre 1852 et 1854, par contre les prises des les oasis du Mzab et d’Ain Sera n’intervinrent qu’en 1881-1882, celle d'In Salah et du Touat qu'en 1900-1901. Il fallut aussi attendre la liaison établie en 1900 entre Alger et le Tchad par la mission Foureau Lamy et le combat de Tit – qui marqua, en 1902, la fin des résistances touarègues dans la région du Hoggar – pour que soient enfin soumis les immenses territoires du Sud, ce Sahara auquel devaient s'attacher les noms de Duveyrier, de Flatters, de Laperrine et de Charles de Foucauld.





2) Les différentes politiques de colonisation :



I. La Politique indigène jusqu'en 1847 :



Les premiers gouverneurs instituent un Bureau Arabe animé d'abord par La Moricière de 1833 à 1834 qui se transforme en Direction des Affaires arabes confiée à Pélissier de Reynaud de 1837 à 1839. Les successeurs de Valée se contentent d'étendre ces formules à l'ensemble de l'Algérie conquise. Le nouveau directeur des Affaires arabes de 1841 à 1847 est Eugène Daumas qui a étudié l'organisation d'Abd el Kader. Il convertit Bugeaud au système du gouvernement indirect confié à des chefs arabes appartenant à la noblesse militaire ou religieuse.



II. La Colonisation sous Bugeaud :



De 1830 à 1840, la colonisation est libre, voire anarchique. Après la prise d'Alger, les hommes coupent les forêts et tentent d'accaparer les terres. Le Général Bugeaud rêve d'une colonisation militaire et collectiviste mais ses projets sont rejetés. Bugeaud est d'abord hostile à toute colonisation rurale, puis il se met à rêver de colons à la romaine. Il fait une campagne publicitaire en France et à l'étranger. L'offre de concessions suscite un véritable engouement : les concessionnaires arrivent de France, de Suisse, d'Allemagne, par groupes d'un même village ou d'une même ville. Presque partout les colons sont consternés de ce qui les attend. Tout manque, à commencer par le logement. Il faut loger sous la tente ou dans des baraques rudimentaires. Les colons mangent dans des gamelles. Femmes et hommes travaillent ensemble. La dysenterie, ainsi que de terribles fièvres déciment adultes et enfants. L'alcool est un facteur aggravant. Les légitimistes qui refusent la Monarchie de Juillet sont ceux que Bugeaud appelle narquoisement "les colons à gants jaunes". Les pionniers vont de l'avant, recherchent un contact pacifique et amical avec les Indigènes. Des colonies militaires sont instituées à trois reprises: toutes ont échoué. La colonisation est fondée sur la création de villages et la concession gratuite de lots individuels. La colonisation est assistée par l'armée. Cette dernière ouvre des routes, construit des villages, entreprend le défrichement, réussit assez bien : de 1842 à 1845 trente-cinq centres sont créés, 105 000 ha concédés. Les immigrants affluent : 46 180 arrivées en 1845 et 1 882 demandes de concessions. Au départ de Bugeaud, on compte environ 15 000 colons ruraux et une population totale de 109 400 Européens, dont 47 274 Français. Dès le 15 avril 1845, une partie du territoire est assimilée au régime de la métropole.



Après avoir soumis les oasis de Laghouat en 1852, de Touggourt et de Ouargla deux ans plus tard, pacifié la Petite Kabylie, il reste à soumettre la Grande Kabylie. Le Général Randon s'y emploie. Le 16 Juillet 1857, l'Algérie est française. De 1852 à 1858, les militaires ont à nouveau toute latitude pour gouverner l'Algérie selon leurs vœux. Le Maréchal Randon s'occupe beaucoup de la colonisation. 56 villages sont construits de 1853 à 1859. Il essaie d'encourager l'initiative privée et l'apport de capitaux. La colonisation libre progresse remarquablement. Les conditions de vie restent très sévères. Les Alsaciens se regroupent à Bled-Touaria, à Aïn-Sultane. On retrouve deux groupes : un alsacien et un varois. Au fur et à mesure des défections, les concessions reviennent à des Français et des Espagnols, déjà installés dans le pays et endurcis.



III. Napoléon III et sa Politique Arabe :



Napoléon III décide de rétablir le régime antérieur et renforce les pouvoirs du gouverneur. Le gouvernement et l'administration sont à nouveau centralisés à Alger aux mains d'un gouverneur général. L'Empereur touche très vite au cœur de la question : le problème des terres. Il découvre que l'Algérie n'est pas l'Amérique. "Égalité parfaite entre les Européens et les Indigènes, il n'y a que cela de juste, d'honorable et de vrai" s'enthousiasme Napoléon III. Il envisage la solution suivante : aux Indigènes, les terres, aux Européens le commerce et l'industrie. La religion musulmane devient l'objet d'un respect sincère qui se manifeste par la construction de nouveaux édifices religieux. Les Bureaux Arabes restaurent l'enseignement musulman et un conseil supérieur de droit musulman est institué pour l'interprétation de la loi coranique. En 1865, L'Empereur fait proclamer par un sénatus-consulte que le Musulman est Français, l'égal des Français. Il a désormais la possibilité d'accéder aux emplois civils et militaires et sur sa demande, d'obtenir sa naturalisation. La politique impériale freine le développement rural. Napoléon III préfère l'action de grandes compagnies financières à la colonisation individuelle et privée. En 1853, il autorise une association de banquiers suisses, la compagnie genevoise, à coloniser les environs de Sétif. Présidée par le Comte Sauter de Beauregard, elle se voit attribuer 20 000 hectares de terres cultivables. En 1864, une deuxième compagnie se réserve la plaine de l'Habra et de la Macta. Baptisée Société de l'Habra et de la Macta, elle reçoit 24 100 hectares et s'engage à construire un barrage de 30 000 000 m3, un réseau d'irrigation et envisage l'assèchement de la plaine de la Macta. En 1868, enfin, la Société générale algérienne décide de financer des travaux de colonisation et achète 100 000 hectares de terres situées dans les trois provinces de l'Algérie, au prix de un franc de rente par hectare, payable pendant 50 années. Mais les résultats ne sont pas une réussite, les compagnies se bornent à louer leurs terres à des indigènes et non à y établir des colons.





Conclusion :



Nous avons vus enfin que l’Algérie a été conquise en plusieurs phases, la plus grande partie de l’ancienne régence ayant été prise dans les 10 premières années suivant le fameux débarquement du 18 Juin, les gouvernements et les régimes qui se succèdent ne changèrent pas vraiment les plans originaux de la compagne dressés au temps de Napoléon premier.



A la conquête militaire succéda la conquête Civile, des français ou des immigrants de toute l’Europe qu’ils soient opposants politiques ou simples aventuriers en quête de richesses que la nouvelle colonie (qui deviendra département français ) est la seule a offrir alors, vont s’installer progressivement dans l’optique d’une colonie de peuplement, et vont constituer un nouveau peuple qui va progressivement développer un sentiment nationaliste de plus en plus marqué.



Sources :



Fr.wikipedia.org/wiki/Conquête_de_l’Algérie



www.pieds-noirs.org/histoire/memoire.htm



pagesperso-orange.fr/felina/doc/alg/malet_isaac.htm



membres.lycos.fr/barbariecoloniale/



http://www.cosmovisions.com/ChronoAlgerehtm




Sofiane et Farid